28 mars 2012
3
28
/03
/mars
/2012
15:16
Il m'arrive de penser. Rarement, je vous rassure. Je me laisse porter. Je ne risque pas
d'inventer le moulin à éplucher les légumes; généralement je garde cela pour moi. J'ai un peu honte, là je vais prendre le risque de me confier. Parce que c'est rigolo, j'ai abouti à quelque
chose. Quelque chose de négatif. Mais bon, quelque chose.
Le Bourget est confronté à une montée de la violence et des intolérances. je ne désigne personne, mais le sujet est grave.Il faut dire stop, mince je crois que je
l'ai déjà fait par le passé.
Non, non, non! idem, je l'ai brandi tant de fois. Je ne veux pas entrer dans une polémique, ne mélangeons pas tout. Les bourgetins sont au bord d' un gouffre rempli
de sacs poubelles.
Le maire, ses adjoints, les hauts et bas responsables ne voient pas ce qui leur crève les lunettes. Ils font comme si les bourgetins étaient heureux de voir
prospérer les pires dérives, les pires actes, les pires odeurs.
Ce qui nous attend pauvre de nous, c'est le pire! et le pire, c'est le seul espoir qui nous reste; comme ces cinq foyers qui ont vu leurs appartements détruits par
les flammes en quelques minutes,au 62 rue Albert Thomas, hier après midi, dont celui, de l'un des conseillers municipaux d'opposition.
Là encore, pas une ligne dans la presse, incendie qui ne mérite sans doute aucune attention puisque les occupants sont tous d'honnêtes citoyens avec papier.
L'origine du feu, criminel, accidentel, sans doute un jour, la lueur se fera t'elle, mais quand?
Ont-ils besoin d'aides, de vêtements, d'ustensiles?
Certainement, lorsque l'on perd toute sa vie ainsi; mais chut, la mairie reloge les occupants pour deux nuits, dans un hôtel deux étoiles. Pour les mois à venir,
débrouillez-vous, avec vos assurances; il y a franchement de quoi être super heureux en notre bonne ville où le petit train de la solidarité ne se manifeste qu' à grand coup de silence.
Dans ma tête, je me suis donnée une définition du présent: un instant coincé entre deux infinis, entre un avant et un après.
Où est-il, nulle part, il n'existe pas. Il y avait le passé, les souvenirs, il y aura l'avenir. Il n'y a rien entre ces deux là, sauf des victimes qui resteront
perpétuellement dans ce présent indéfini. Le passé tombe tout droit dans l'avenir! Le temps est un implacable mouvement pour qu'il existe un présent. Il faudrait qu'il s'arrête,
il ne le fait que pour les victimes scotchées dans leurs souffrances à cet instant où leur vie bascule.
Vous comprenez, maintenant, pourquoi, les politiques, les élus, les institutions n'en ont rien à foutre des victimes, tout simplement parce qu'ils ne savent pas
conjuguer le temps présent, passant invariablement du passé au futur sans l'ombre d'un remord, d'un doute, sanglés dans leurs certitudes.
Ici, la violence est permanente; les incivilités sont un devoir; les joints se fument en pleine rue; la mort survient à la pizzeria, sur les trottoirs, dans les
baignoires; les viols se propagent dans les ascenseurs, les caves, l'échoppe; les cambriolages s'exercent à tous les étages; les braquages fleurissent sur tous les pas de portes; les
appartements brûlent mieux que les cierges.
Heureusement, il nous reste encore cet espoir: les pigeons prennent encore plaisir à se baigner dans une flaque d'eau comme partout ailleurs.
Published by vegaelnath
-
dans
histoires d'en ville