La sonorité des
guitares rythme dans une cadence ardente l’envolée d’une cornemuse qui déborde de bonheur. Cette joie qui monte rappelle la musicalité des airs de guitare de Johnny Cash.
Ce sont des airs qui méritent d’être écoutés plusieurs fois. On y avance comme dans un territoire inconnu. Pourtant cette profondeur ouvre un horizon qui baigne dans la confiance et dans un bonheur familier. Comme si la mémoire des générations veillait au cœur de l’espace à ne rien laisser mourir. C’est l’étoile du roi mage qui pénètre l’oreille au lieu de fixer le regard et qui fait découvrir un monde mystique, rempli des mystères roux de l’âme celte.
Cette âme est composée des abysses d’une mer houleuse et noire où les dieux et les diables s’étirent comme dans un gouffre immense. Cette mer attire les marins pour une aventure dont le prix se mesure à la dimension du rêve qu’Ulysse voulut aussi connaître en se faisant lier au mat de son navire.
Cette musique, c’est la nuit d’étoiles qui se reflète dans le regard de Calypso quand le même Ulysse la serre entre ses bras en lui disant des paroles que les cieux écoutent. Son regard est si pur et son front est si tendre que l’eau de ses yeux se réfléchit dans un ciel enluminé où la Terre gravite lentement au milieu du bourdonnement tendre d’un essaim d’étoiles.
La Voie Lactée se rapproche comme le regard de la déesse sur le héros avec ses yeux bleu myosotis et des rochers de perles roulent dans l’univers comme une mer abondante aussi suave que des baisers de mère et c’est ce regard d’amour qui rend chaud le soleil quand il perce la lande et fait reluire les escarboucles dans les approches du jour, en cet instant réfrigéré où s’évanouit la nuit, rêveuse comme l’œil que le sommeil délaisse.
Elle est construite aussi des forêts profondes et des landes épaisses. Elles bercent le cœur de ses insondables contes qui vont puiser jusque dans la nuit des temps une coloration de vie qui ressemble à un symbole solaire.
Ce soleil de pierre est traversé, verticalement, par la barre de l’homme debout qui affronte le destin prométhéen de l’homme d’Occident qui ne cède jamais le pas devant la belle aventure de la vie. Ce soleil de pierre est aussi traversé de la barre horizontale, cet horizon indépassable au-delà duquel l’homme européen est toujours allé, depuis Archimède jusqu’à Neil Armstrong, d’Aristote à Paul Emile Victor, de Pythagore à l’écologiste volant Charles Lindbergh.
Cette musique inspire le chant de la rébellion qui conduit de l’iniquité à la justice dans la respiration d’une violence qui n’écoute pas les modes mais qui n’exige que l’amour et le dépassement dans cette certitude que les territoires aimés sont ceux qui ont été conquis sur l’abandon et la barbarie et cultivés pour que leurs saines moissons en soient la digne rétribution.
L’envol celtique éperonne sans relâche les flancs d’une monture qui guide l’homme d’Occident, dépositaire d’un monde perpétuellement inconnu et auquel il accède dans l’émerveillement d’une vie qu’il parcourt dans l’insolence et la générosité.
Cette musique grave et joyeuse prépare au temps de l’amour et des rencontres fraternelles.
Elle ne demande rien et elle survient en douceur, depuis les profondeurs célestes, comme un feu qui couve, qui augmente peu à peu sous le souffle du vent et qui réchauffe les épidermes étonnés, elle a la beauté d’une rose qui s’endiable en s’effeuillant au milieu des airs et elle disperse des gouttes d’or et d’azur alentour comme à l’aurore l’onde et la terre fêtent par des reflets d’ombres mouvantes l’astre qui se dore.
Elle dit aussi le grand écho de la solitude quand l’appel et l’attente qui l’inspirent claquent comme des voiles dans le grand large. C’est pourquoi elle emporte avec elle dans le tourbillon de l’enlèvement secret d’un amour idéal les âmes disponibles jusqu’au cœur d’un étourdissant vivier d’étoiles.