Un héritage censé donner à chaque visiteur une saveur particulière.
Commençons par L'Epée brisée, hommages aux Bourgetins morts pour la France; le département décide en 1873 d’ériger un monument pour honorer la mémoire des combattants morts en 1870. L’architecte Marcel Deslignères gagne le concours public et réalise ce mausolée de granit. Le symbole de l’épée brisée qui rappelle la défaite contraste avec l’épitaphe qui appelle les futures générations à combattre pour la France.
Jusque là tout va bien; c'est lorsque l'on est face au monument en plein centre ville, que moi, je me sens beaucoup, beaucoup moins bien: une certaine honte m'envahit devant un tel délabrement.
Ce dernier sert de perchoir aux pigeons, il est recouvert de fientes, lézardé de partout, les dalles disjointes, la grille l'entourant rouillée, pas une fleur ni l'ombre d'un drapeau.
Comment un tel monument, abandonné par les citoyens et leurs élus, inspirerait-il les futures générations à combattre pour la France?
Comment donnerait-il l'envie aux nouveaux arrivants de se pencher sur l'histoire de la commune et d' en respecter ses valeurs?
Préoccupée, attristée par ce lamentable constat, je poursuis donc ma route en direction du caveau érigé en 1871 grâce à une souscription privée sur un terrain donné par le comte Cretté de Paluel en l'honneur des morts français aux combats de 1870.
On trouve à l'intérieur des bas reliefs sculptés par Francesci et à l'extérieur les noms gravés des soldats morts pour Le Bourget.
Dans ce caveau, reposent plus de 500 corps et les cendres d'Ernest Baroche.
Il fut inauguré le 30octobre 1872 en grande pompe. C'est donc confiante que je me dirigeais vers lui et pourtant :
Là encore tout n'est que abandon et décrépitude, juste un drapeau flotte au vent, mais de l'herbe partout, la tondeuse même pas passée et toujours pas l'ombre d'une fleur ou de quelque chose conduisant le passant ou le bourgetin au recueillement et au respect.
A, l'intérieur tout est poussiéreux ,sale, des détritus jonchent le sol et les carreaux sont cassés.
Pourquoi les morts pour la Patrie de 1870 n'ont-ils pas le droit au même traitement que ceux des deux autres guerres qui suivirent?
Sans doute n'y a t'il plus personne pour s'en offusquer et puis le temps a passé.
Il en va de même pour le foyer des anciens, indigne de trôner en place publique:
C'est à peine si j'ose vous montrer l'état de ce qui a été l'un des fleurons de la ville, promis depuis des années et des années à devenir un futur lycée. Encore une promesse, voire une ébauche de projet pour attirer les futurs investisseurs et qui sera sans doute dans le plan de campagne pour les prochaines élections des maires.
J'accuse la municipalité, les autorités responsables, de conduire la ville à la débâcle, à l'irrespect .
J'accuse les dignitaires de cette ville, d'égarer l'opinion et de détruire la notoriété mondiale de cette dernière.
"Puisqu'ils ont osé, j'oserai aussi, moi. La vérité, je la dirai, car j'ai promis de la dire, si la justice, régulièrement saisie, ne la faisait pas, pleine et entière. Mon devoir est de parler, je ne veux pas être complice...
Je n'ai qu'une passion, celle de la lumière, au nom de l'humanité qui a tant souffert et qui a droit au bonheur. Ma
protestation enflammée n'est que le cri de mon âme. Qu'on ose donc me traduire en cour d'assises et que l'enquête ait lieu au grand jour !
J'attends. "
Emile Zola