Décembre est arrivé, les grossistes ont assuré nos commandes, la vitrine nous avons faite, l'échoppe est donc fin prête pour les festivités.
Au fil des jours, j' espère voir ma ville s'ouvrir à Noël. Dans les artères, tout n'est que bouchons et coups de klaxons, du matin au soir et du soir au matin. Les raisons sont nombreuses: des travaux de câblage s'éternisant, des jardiniers préparant les bacs pour le printemps, des éclairagistes accrochant des filaments de lumière aux intersections et dans les platanes. Les trottoirs grouillent de gens divers s'agitant, vociférant dans un charabia incompréhensible, mettant un tohu-bohu indescriptible en la ville.
Souvent, tôt le matin, j'aime contempler le lever du jour sur mon pas de porte. Les cieux sont souvent un tel ravissement, mais, Le Bourget s'éveille et il a bien mauvaise mine. Telle une mère au chevet de son enfant, je prends sa température, j'humme ses effluves, je les ressents au plus profond de mes entrailles; il n'est même plus l'ombre de lui-même, lui qui pourtant, a tant fait rêver le monde entier.
Souvenez-vous: c'est au Bourget que s'est posé Charles Lindbergh, à l'âge de vingt-cinq ans, au terme de sa traversée de l'Atlantique à bord du Spirit of Saint Louis. Il arriva le 21 mai 1927 après avoir parcouru 5800kms en trente-trois heures et trente minutes. Environ 200 000 spectateurs l'attendaient sur les pistes....
Aujourd'hui, pas même un panneau n' indique la direction à suivre pour s'y rendre.
Je suis inquiète à double titre donc, car si notre histoire et ce glorieux passé sont ignorés, il en va de même pour nos repères chrétiens, ils ont disparu!
Que faire, face à l'anéantissement des valeurs de notre enfance?
Dans les magasins, point de musique de Noël; dans les rues, point de chaleur humaine ou de partage, aussi une question me taraude, où sont passés les enfants?
Nous passions des heures, accrochés à la vitrine du boulanger, salivant devant les chocolats, les marrons glacés et les bûches; nous nous extasions devant celle du charcutier, mettant à l'honneur les boudins devenus blancs en l'espace d'une nuit et le fois gras s'affichant en l'étal dans ses habits de fêtes. Mais c'est sans doute le poissonnier qui remportait tous les suffrages de curiosité, tant de crustacés remuant leurs pâtes velues, tant de poissons, tant de coquillages inconnus aux noms évocateurs de vacances, de plages et de pêches en mer. Nous courrions devant nos parents, d'une vitrine à une autre, les tirant par la manche, leur posant mille questions. Nous étions dans cette espérance que seul procure le mois de l'avent. Un bonheur simple, une joie non dissimulée, des yeux qui brillent, des rires mais aussi de la ferveur face aux immenses sapins se dressant devant l'église, dans la cour de la mairie et dans chaque école. Le Père Noël nous croisions au détour d'une rue, les crèches publiques nos faisions avec la plus grande application, conscients de l'importance de la place de chacun mais aussi de cette magie, chaque année, renouvelée. C'est ainsi que nous apprenions tout simplement le bonheur de vivre ensemble, heureux, dans une communion réelle et sincère.
Au fil du temps et en accéléré depuis deux ans, il ne subsiste plus rien de toutes ces valeurs, de toutes ces émotions. Ma ville s'est fermée au christianisme pour mieux ouvrir les bras à d'autres communautés.
Il semble mal vu et mal venu de dresser un vrai sapin d'une hauteur supérieure à un mètre et de le décorer. Les rares présents sont nus, se faisant le plus terne possible puisque soumis à la lumière froide et bleutée de trois cônes emboîtés, censés les représenter; inutile de chercher un sommet ou une étoile brillant au firmament, ils sont abolis. L'étoile au sommet rappelant pour les chrétiens, l'étoile qui guida les rois mages.
Le sapin en clef de lecture chrétienne rappelle l'arbre de la vie, image du Christ, don suprême de Dieu à l' humanité. Le message du Sapin de Noël est donc, que la vie reste verte et qu'elle est un don, non matériel mais d'elle même, dans l'amitié et l'affection, dans l'entraide fraternelle et le pardon, dans le partage et l'écoute de l'autre.
Le sapin de Noël n'en est pas un, sans les décorations qu'il doit porter. Une amputation volontaire sans doute, pour ne pas offusquer les diverses communautés, mais surtout un grave signe de soumission à leurs cultures.
La ville, abandonnée aux mains de la diversité, a vendu son âme aux boubous, aux djellabas, aux roms et aux barbus. Elle vomit Noël et ses traditions, mais favorisent, par son laxisme, l'insécurité, les deals en tout genre, l'inversion des valeurs et la fuite vers ailleurs des derniers bourgetins de souche.
Le 24 décembre au soir, j'ai simplement traversé la rue pour me rendre chez le boulanger, en courant; il était vingt heures trente, des groupes de musulmans en babouches et turbans occupaient la place, tout le trottoir, c'est plus convivial, pour eux. Nous étions à quelques heures de la messe de minuit et je me suis sentie, traquée par une multitude de regards hostiles. J'étais indésirable sur ma propre terre, en la ville qui m'a vue grandir.
Noël n'existe donc plus ici, il semble indécent de le dire clairement, voire raciste de le penser et sans doute pire encore de l'écrire publiquement. Seulement voilà, c'est juste une réalité visible par tous; la ville est gangrenée avec l'aval des plus hautes autorités. Ces dernières, elles, s'expatrient en province, le temps nécessaire, là ou cette fête possède encore un vrai sens, puis rentrent pour la tournée de voeux. Comment ne pas en vouloir à ces envahisseurs irrespectueux envers leur pays d'accueil, mais aussi à ceux qui leur ouvrent les bras, sans aucune réserve, sans se retourner, juste pour récolter des voix électorales leur permettant de conserver ou d'obtenir le pouvoir et son confort. Ces derniers oseront présenter leurs voeux de Bonne Année, feront un discours ou un tract en ce sens, mais en fait, qu'on le veuille ou non, ils n' aborderont en aucun cas le présent, ils dénieront nos manques, nos pertes de liberté, nos peurs, nos souffrances de citoyens au profit de leurs projets en 2014, voire en 2020 .....
Pour moi, se mettre au service de son pays, c'est tout simplement s'oublier maintenant pour mieux le faire exister demain.
Combien d'hypocrites vont venir pendant un mois m'honorer d'un "Bonne Année- Bonne Santé" et que se passera t il en février? Celui qui hier vous semblait si désireux de vous aider se révélera être le dernier à bien vouloir le faire.
Je n'ai rien contre les voeux eux-mêmes; je commence juste à en avoir assez de me voir imposer des figures imposées par les autres surtout quand elles ne sont pas sincères mais en plus irréalisables.
Pourrions-nous souhaiter un monde plus juste et moins hypocrite? Pourrions-nous conserver TOUTES nos traditions avec fierté et honneur, afin de ne pas couper l'arbre de ses racines.
Les voeux comme le sapin sont une coutume. L'hypocrisie humaine en fait donc disparaître certaines pour ne cultiver que les us, aux vertus d'ascenseur social.
Que dire alors, de quelqu'un qui ne vous les présente pas?
Même la philosophie n'en possède pas la réponse.